Alors que la France interdit encore les casinos en ligne, de nombreux pays européens ont déjà mis en place des cadres légaux pour les autoriser et les encadrer. L’Europe devient ainsi un laboratoire à ciel ouvert de la régulation des casinos en ligne, avec des approches variées selon les cultures, les objectifs fiscaux et les préoccupations de santé publique. De l’Allemagne à la Belgique, en passant par les Pays-Bas et l’Espagne, voyons comment nos voisins structurent leur marché des jeux d’argent virtuels – et ce que la France pourrait en tirer comme enseignement.
Des approches très contrastées selon les pays
Il n’existe pas de modèle unique au sein de l’Union européenne. Chaque État membre reste libre de décider s’il autorise ou non les casinos en ligne, et dans quelles conditions.
L’Allemagne : une régulation stricte, mais ouverte
Depuis juillet 2021, l’Allemagne autorise les casinos en ligne via le traité GlüNeuRStV, qui impose une série de règles strictes :
- dépôt mensuel plafonné à 1000 € par joueur
- interdiction des jackpots progressifs
- temps d’attente imposé entre les spins
- obligation d’avoir une licence régionale
Le but est clair : limiter les risques d’addiction tout en canalisant le jeu vers des plateformes contrôlées. L’offre légale est encadrée mais bien présente, avec plusieurs opérateurs autorisés dans chaque land.
La Belgique : un marché très encadré et nationalisé
La Belgique fait figure de pionnière en matière de régulation. Elle n’autorise les casinos en ligne qu’aux opérateurs disposant déjà d’un casino terrestre dans le pays. De plus :
- les jeux proposés doivent être validés par la Commission des Jeux de Hasard
- les bonus sont strictement limités
- les joueurs belges sont automatiquement inscrits sur un registre de contrôle
Ce modèle vise à conserver un contrôle total de l’État sur l’offre de jeu, tout en minimisant les dérives commerciales.
Les Pays-Bas : une ouverture progressive mais ambitieuse
Les Pays-Bas ont légalisé les casinos en ligne en octobre 2021, avec une loi appelée KOA (Wet Kansspelen op afstand). Elle impose aux opérateurs :
- de posséder une licence locale
- de proposer des outils de jeu responsable (auto-exclusion, limites, alertes)
- de ne pas cibler les jeunes et les vulnérables avec leur publicité
Le marché a rapidement explosé, avec des dizaines de licences délivrées dès la première année. La transparence est au cœur du modèle néerlandais.

Vers un modèle français inspiré des pays voisins ?
Avec plus de 4 millions de joueurs français sur des plateformes non autorisées, la question d’une régulation devient urgente. Les modèles européens offrent plusieurs pistes pour bâtir un cadre solide.
Protéger les joueurs tout en canalisant la demande
Comme en Allemagne ou aux Pays-Bas, la priorité pourrait être de :
- limiter les mises et dépôts
- imposer une vérification d’identité renforcée
- interdire certaines mécaniques de jeu à fort potentiel addictif
- encadrer la publicité et les bonus
Ces mesures permettent d’éviter les abus tout en gardant les joueurs dans un écosystème légal.
Éviter une légalisation trop permissive
Certains pays comme Malte ou Curaçao délivrent des licences très facilement, parfois sans contrôle réel. Ce sont ces juridictions qui abritent la majorité des casinos en ligne illégaux accessibles depuis la France.
La régulation française, si elle voit le jour, devra donc éviter une approche laxiste et garantir :
- la traçabilité des fonds
- la transparence des taux de redistribution
- un service client francophone et localisé
L’objectif n’est pas d’ouvrir toutes les vannes, mais de sécuriser une pratique déjà largement répandue.
Conclusion
La régulation des casinos en ligne est déjà une réalité chez nos voisins européens. Si les approches diffèrent, elles ont toutes un point commun : mieux encadrer le jeu tout en l’autorisant dans un cadre contrôlé. En 2025, la France reste à la traîne sur ce sujet, mais les débats s’intensifient. Les exemples de l’Allemagne, de la Belgique ou des Pays-Bas montrent qu’il est possible de combiner protection des joueurs, encadrement strict et fiscalité intelligente. Reste à savoir si la France saura s’en inspirer pour bâtir son propre modèle.